Focus – Le Pavois, pionnier dans l’accompagnement et le soutien aux études

Le 20 mai 2022. – L’organisme Le Pavois, basé à Québec, accompagne et soutient depuis les années 2000 des personnes vivant avec un problème de santé mentale et souhaitant reprendre ou poursuivre un parcours d’études. Chaque année, une centaine d’étudiant·e·s en moyenne poussent la porte de l’organisme pour bénéficier de ses services ou sont référés par des partenaires.

Tout a commencé par la mise en place d’une recherche-action entre 2001 et 2003 en collaboration avec la Clinique Notre-Dame des Victoires du Centre hospitalier Robert-Giffard, spécialisée dans le traitement des premiers épisodes psychotiques. “Le Pavois bénéficiait déjà de ses services d’intégration au travail, mais rien n’existait encore dans le domaine du soutien aux études”, indique Stéphane Fortier, coordonnateur du volet soutien aux études de l’organisme. L’objectif principal de la recherche-action était alors de baliser les services de soutien scolaire adaptés aux personnes ayant un problème grave de santé mentale.

Pionnière en la matière au Québec, cette recherche a permis de dégager différentes pistes d’action. Parmi celles-ci, Stéphane Fortier cite la mise en place de services de soutien adaptés pour les personnes vivant avec un problème grave de santé mentale, la possibilité d’étudier plus que deux cours ou six crédits sans que cela vienne influer sur le montant des prestations d’aide sociale reçu par la personne (une mesure aujourd’hui incluse dans le programme d’aide et d’accompagnement social Réussir du MTESS) et l’importance du travail d’accompagnement autour du sentiment d’appartenance à un groupe pour des personnes qui étudient pour la plupart à temps partiel. “Quand on découvrait des noeuds, on essayait de comprendre les impasses”, souligne le coordonnateur du Pavois.

Renforcer les liens

Cette recherche, qui s’est étalée sur deux ans et demi, a été l’occasion de tisser des liens avec les différents partenaires, d’en renforcer, et surtout de faire reconnaître la spécificité et la nécessité d’un soutien et d’un accompagnement adaptés aux personnes vivant avec un problème de santé mentale dans les parcours scolaires. “À présent, on ne parle plus dans les établissements scolaires de services aux personnes handicapées, mais de services adaptés”, illustre Stéphane Fortier, alors que de nombreuses personnes souffrant de problèmes de santé mentale ne se reconnaissent pas en tant que personnes handicapées.

Aujourd’hui, l’équipe du Pavois est composée de trois personnes, spécialisées dans l’intégration aux études, et suit en moyenne une centaine d’étudiant·e·s durant l’année. L’année passée, l’accompagnement n’a concerné que 74 personnes, mais ce chiffre s’explique par le contexte pandémique, et la difficulté pour certaines des personnes concernées à se lancer dans un projet de reprise d’études alors que tout semble incertain.

En complémentarité

Les intervenant·e·s agissent en réelle complémentarité avec les services adaptés qui se concentrent sur le parcours académique. “Nous offrons davantage un soutien psychosocial pour accompagner la personne dans ses difficultés liées aux études.” Toute la démarche du Pavois est inspirée du modèle par les forces et tournée vers le rétablissement de la personne. “Nous travaillons véritablement en fonction de ses besoins, sans qu’il n’y ait ni un début ni une fin de service”, insiste Stéphane Fortier. Les rencontres peuvent avoir lieu dans un café ou un restaurant pour parler du projet d’étude, se projeter plus loin, citer les difficultés mais insister aussi sur les bons coups ! “Ça déstabilise parfois, mais la majorité apprécie ce moment d’échange”, rappelle-t-il. La personne est suivie sur la durée et selon ses différentes sphères de vie. “Peu importe où la personne étudie, on l’accompagne et on est là durant les transitions”, poursuit Stéphane Fortier.

Depuis 2016, un·e membre de l’équipe se déplace spécifiquement une fois par semaine au Cégep de Sainte-Foy afin d’y occuper une permanence, et recevoir des étudiant·e·s qui en auraient besoin. Une façon de se rapprocher des lieux d’études et de continuer à se faire connaître. Car avec la pandémie, et les nombreux changements dans les services du réseau, des liens doivent être retissés, pour faciliter le référencement notamment.

Plus d’infos

En illustration : Mélanie Tremblay, Stéphane Fortier et Isabelle Jackson composent l’équipe de soutien aux études du Pavois (crédit photo courtoisie Le Pavois)