Une nouvelle réforme pour le réseau de la santé

Les propos du ministre de la Santé et des Services sociaux, Dr Gaétan Barrette, viennent confirmer que le réseau québécois de la santé et des services sociaux est sur le point de subir d’importantes transformations structurelles.

En effet, le ministre Barrette a profité de la rentrée automnale pour annoncer une vaste réforme qui consistera en de nouvelles fusions d’établissements pour réduire leur nombre de 125 actuellement à une cinquantaine pour l’ensemble du Québec. Il s’agirait de regrouper les différents établissements autour des grands hôpitaux. Or, cette approche est loin de faire consensus et plusieurs acteurs s’inquiétent des conséquences (à lire article 2 et article 3).

Suite aux fusions de 2004 avec la création des CSSS, différents intervenants ont conclu à un bilan mitigé voire à des conséquences néfastes sur l’accès et la continuité des services offerts par le réseau public. Lors de la fusion avec des centres hospitaliers, la première ligne serait particulièrement fragilisée. De plus, la dernière vague de fusion s’est traduite par une augmentation de 30% du nombre de cadre, exactement l’inverse des objectifs annoncés par le ministre.

Pour le milieu communautaire, la déstabilisation du réseau public se traduit aussi par une augmentation des demandes et une augmentation des besoins des personnes rejointes. Alors que les organismes communautaires subissent déjà un sous-financement chronique depuis de nombreuses années et que leur capacité d’action sont déjà limitées par ce contexte difficile, la perspective d’une nouvelle réforme est inquiétante. Sans compter, que le rehaussement du Programme de soutien aux organismes communautaires annoncée l’automne dernier a finalement été annulé (voir les détails de la campagne Je tiens à ma communauté – Je soutiens le communautaire).

En juin dernier, lors de l’étude des crédits budgétaires 2014-2015 du gouvernement du Québec, Dr Barrette avait mis l’accent sur le contexte difficile pour assurer la pérennité du système de santé public avec, selon lui, une croissance des dépenses trop importantes qu’il a qualifiées «d’insoutenables». Il avait donc défendu un retour à l’équilibre budgétaire avec une croissance de 3% inférieure aux coûts du système pour au moins les deux prochaines années. Ainsi, aucun développement ne sera possible avant 2016 et il s’agira de «préserver l’essentiel». Dans cette période de révision des programmes et de rationalisation, les compressions déjà annoncées étaient donc confirmées et il avait même évoqué d’autres «décisions difficiles» d’ici quatre ans, avec des compressions de l’ordre de 600 millions $ qui pourraient être faites selon lui dans la «bureaucratie». En continuité avec ces propos, d’importantes coupures dans les postes de cadres seraient amorcées sous peu, avec d’ores et déjà un moratoire sur les nouvelles nominations.

Pour le milieu de la santé mentale, les inquiètudes sont déjà vives avec un nouveau Plan d’action qui tarde à être déposé et des évaluations mitigées des changements entrepris ces dernières années (Évaluations du PASM 2005-2010 (AGIR, RACOR, ROBSM), rapport du Commissaire à la santé et au Bien-être). Cette nouvelle réforme nourrie des craintes de déstabilisation d’un réseau de santé mentale déjà fragile.

Alors que la stratégie de fusions d’établissements pour réaliser des économies d’échelle est loin d’avoir fait ses preuves, et que les risques pour la qualité, l’accessibilité et la continuité des services sont bien réels, est-il nécessaire d’entamer une nouvelle réforme structurelle du réseau de la santé et des services sociaux?