La réorganisation du réseau et la santé mentale : où est la cohérence?

L’avenir des services de santé mentale que l’on peut percevoir dans la réorganisation du réseau de la santé et des services sociaux, pilotée par le ministre Gaétan Barrette, est préoccupant.

Il n’y a pas de signe présentement que la santé mentale est devenue une mission particulièrement en développement au ministère de la Santé et des Services sociaux. Les crédits 2015-2016 du MSSS n’accordent en effet qu’une hausse de 1% aux budgets consacrés à la santé mentale.

La publication du Plan d’action en santé mentale 2015-2020 est toujours retardée. Le ministre Barrette a pour sa part affirmé en commission parlementaire qu’il sera rendu public « plus tôt que tard en 2015 ».

Quelle importance sera donnée aux services de santé mentale alors qu’un des premiers rôles confiés aux Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS-CIUSSS) est d’assurer la prise en charge de l’ensemble de la population de leur territoire, notamment les clientèles les plus vulnérables ? Or, on sait que parmi ces clientèles vulnérables, les personnes qui vivent avec des troubles de santé mentale forment le groupe le plus important en nombre.

Santé mentale et dépendance
Que faut-il comprendre de la décision du MSSS de confier à une même direction de CISSS-CIUSSS la responsabilité de programmes santé mentale et dépendances ? Le ministre Barrette, en commission parlementaire, a pourtant déclaré à ce propos qu’au MSSS, il s’agit de programmes et de budgets distincts.

Non seulement il s’agit de programmes distincts mais, dans l’organigramme du MSSS, ils relèvent aussi de sous-ministres différents. Les dépendances et l’itinérance sont la responsabilité d’une même direction qui relève du sous-ministre aux services sociaux. Quant à la direction de la santé mentale, elle est une responsabilité du sous-ministre à la santé et à la médecine universitaire.

Aucun document du MSSS ne fait état d’une réflexion qui a conduit à la création d’une direction avec la double responsabilité de la santé mentale et des dépendances ? Et notons au passage que la plus répandue des toxicomanies demeure de loin l’alcoolisme.

Santé mentale dans les CISSS-CIUSSS : difficile à saisir !
Un bulletin du MSSS nous apprend que le sous-ministre des services sociaux a transmis aux CISSS-CIUSSS des directives concernant l’itinérance et le PSOC. Mais le bulletin ne fait aucune mention particulière du mandat qui sera confié à la nouvelle direction des programmes santé mentale et dépendance dans chacun des nouveaux établissements.

Dans le même bulletin, il est mentionné que sous la direction du sous-ministre responsable de la santé et de la médecine universitaire des travaux sont menés sur la mise en œuvre du plan d’action en santé mentale. Rappelons que la direction de la santé mentale du MSSS est une des 12 directions sous l’autorité de ce sous-ministre.

À l’évidence, la responsabilité de la santé mentale et du PASM au ministère demeure celle du sous-ministre des services de santé et médecine universitaire.

L’exemple du Saguenay-Lac-Saint-Jean
L’organisation de la santé mentale varie d’un CISSS-CIUSSS à l’autre, mais la fragmentation est manifeste partout.

Dans le CIUSSS Saguenay-Lac-Saint-Jean quatre directions ont la responsabilité de fournir des services de santé mentale. La direction des services médicaux, qui relève du PDG, se voit attribuer un mandat de services psychosociaux. D’autres directions, qui relèvent cette fois du directeur général associé, ont aussi un mandat de fournir des services de santé mentale. Il s’agit de la direction programmes santé mentale et dépendance, de la direction du programme jeunesse pour les services psychosociaux aux enfants et adolescents et de la direction des services aux personnes âgées pour la gérontopsychiatrie.

Et fait à noter, aucun des organigrammes des 22 CISSS-CIUSSS n’attribue de responsabilité particulière aux organismes communautaires dans l’organisation des services de santé mentale.

Claude Saint-Georges/COSME/ 3 juin 2015