Mise à jour économique du Québec : des déceptions et une annonce bienvenue pour le logement

Le 2 décembre 2021. – Le COSME a produit une brève analyse des documents compris dans la mise à jour économique, et présentés par le ministre des Finances Éric Girard le 25 novembre 2021. En amont de cette mise à jour, notre organisme avait soumis quatre propositions au ministre des Finances, dont certaines s’inscrivaient dans la campagne éclair du Collectif pour un Québec sans pauvreté.

1. Bonifier le crédit d’impôt pour solidarité
En utilisant le mécanisme déjà en place, on pourrait assurer rapidement une aide d’urgence aux ménages à faible et moyen revenu en bonifiant le crédit d’impôt pour solidarité.

2. Augmenter les prestations d’assistance sociale
Il n’y a eu aucune aide financière supplémentaire aux personnes assistées sociales pendant la crise sanitaire. Pour donner un coup de pouce rapidement, il devient nécessaire de devancer l’indexation des prestations d’aide sociale à hauteur de l’IPC qui atteint 5,3 % en octobre au Québec.

3. Hausser le salaire minimum
Pourquoi ne pas donner un coup de barre et annoncer une hausse du salaire minimum à 18 $ l’heure pour les travailleuses et les travailleurs au bas de l’échelle ?

4. Soutenir les organismes communautaires
Les organismes communautaires peinent à conserver et à recruter leurs intervenantes et intervenants. Il faut craindre une aggravation des difficultés des organismes communautaires de répondre aux besoins de la population si leur financement n’est pas bonifié significativement et rapidement.

La mise à jour économique devrait annoncer un financement particulier destiné aux organismes communautaires qui comprendrait à la fois une mesure pour suivre l’évolution de l’IPC et une mesure additionnelle pour leur permettre d’offrir des conditions de travail convenables pour leurs intervenantes et intervenants.

Les réponses dans la mise à jour économique

Les prestations exceptionnelles
Seule notre première demande reçoit une réponse dans la mise à jour économique. Elle prend la forme d’aides d’urgence, en particulier d’une prestation exceptionnelle pour le coût de la vie : 400 $ par couple et 275 $ pour une personne vivant seule.

Un recul pour les plus pauvres
Le taux d’indexation annoncé pour le programme d’aide sociale est de 2,64 %, alors que l’IPC était en hausse de 5,3% en octobre au Québec. Les personnes à l’aide sociale verront alors leurs trop faibles prestations passer de 708 $ à 726 $
par mois.

Le salaire minimum ne bouge pas
Aucune mention sur la hausse du salaire minimum dans la mise à jour.

La santé mentale est absente
Il n’est aucunement mention de la santé mentale et des montants qui devraient être alloués au Plan d’action interministériel en santé mentale (PAISM). D’ailleurs, sa sortie pourrait être reportée à janvier 2022 selon nos dernières informations.

L’avenir s’annonce encore plus sombre pour les organismes communautaires
La mise à jour économique ne fait que rappeler les montants destinés aux organismes communautaires lors du dernier budget. Aucun montant n’est prévu pour les aider à faire face aux défis actuels et à la hausse du coût de la vie.

Il faut s’inquiéter du taux d’indexation qui sera alloué par le programme PSOC en 2022 puisque le gouvernement annonce une standardisation du taux de 2,6 % pour ses programmes et mesures fiscales.

La disparité des conditions de travail des organismes communautaires avec celles du réseau public augmentera dramatiquement avec les annonces de la mise à jour économique. S’ajoutant aux augmentations salariales des nouvelles conventions collectives, le réseau public de la santé et des services sociaux recevra d’importants investissements de 4,4 milliards en cinq ans, dont 1,1 milliard pour le maintien des primes COVID de 4% et 8% et 800 millions pour le programme d’attraction du personnel en soins infirmiers.

Des bourses incitatives sont aussi annoncées pour des étudiant.e.s des professions ciblées qui se destinent à des emplois dans le secteur de la santé et des services sociaux. Ces bourses seront octroyées dès l’automne 2022, y compris pour les étudiant.e.s déjà engagés dans des programmes collégiaux ou universitaires.

Ces bourses d’études réduiront encore plus le bassin d’intervenantes et intervenants intéressé.e.s par un travail dans le milieu communautaire. Entre autres, on peut craindre que les étudiantes des techniques collégiales se dirigeront massivement vers le réseau public plutôt que dans les groupes communautaires. Il en est de même pour les bachelières en travail social.

Comme les travailleuses et travailleurs des organismes communautaires ne sont pas visés par ces bourses d’études, ni par aucune autre mesure incitative gouvernementale, une aggravation de la situation, qui est déjà très préoccupante, est à prévoir.

Une annonce bienvenue pour le logement

La mise à jour annonce une somme de 26,5 millions$ sur cinq ans pour soutenir les services d’accompagnement en logements sociaux et communautaires.

Des logements destinés aux ménages ayant des besoins particuliers en habitation peuvent être jumelés à des services d’accompagnement, financés par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Ces services, généralement offerts par des organismes communautaires, visent notamment à assurer la stabilité du logement des ménages qui en bénéficient. Le degré d’accompagnement peut varier selon la clientèle ciblée.

Cet accompagnement peut prendre, par exemple, la forme d’un soutien à la recherche du logement et à la signature du bail, d’une aide à l’acquisition et à l’installation de mobilier, d’un soutien dans les activités quotidiennes (ex. : épicerie, rendez-vous médicaux, communication avec le propriétaire) ou, plus largement, d’un soutien psychosocial.

Source : Mise à jour économique 2021, page E-34

Le COSME a rencontré une attachée politique de Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, au sujet de cette annonce. L’enveloppe budgétaire allouée est récurrente et servira exclusivement à des projets ou programmes pour soutenir le maintien en logement. L’enveloppe n’est pas exclusive aux organismes communautaires en santé mentale (OCSM) étant donné que les ménages ciblés par les logements vivent des réalités multiples (itinérance, aînés, santé mentale, jeunes en difficulté, femmes, problèmes de dépendance, etc.).

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